lundi 8 octobre 2012

Énergie Éolienne - Pourtant le Vent est au R-V


La Région mise sur l'éolien

France-Antilles Guadeloupe 08.10.2012

La région vise à tripler la production d'énergie éolienne d'ici à 2020. Aujourd'hui, les élus vont se prononcer sur la stratégie pour y parvenir.

En terme d'autonomie énergétique, la Région a toujours été ambitieuse, et pour cause. Un archipel comme le nôtre est actuellement beaucoup trop dépendant des énergies fossiles (pétrole, charbon...) importées. En 2008 donc, le plan régional de l'énergie, dit Prerure (1), a fixé comme objectif 50% d'énergies renouvelables dans la production d'électricité à horizon 2020. Dans cette optique, un développement majeur de l'éolien est notamment envisagé.
Au-delà des trois nouvelles fermes programmées à Petite-Place (Capesterre de Marie-Galante), Dadoud (Petit-Canal) et Ménard (Marie-Galante) - qui produiront, en tout, quelque 20 mégawatts - l'éolien dispose encore d'un fort potentiel de développement. La Région l'a compris et a réalisé un schéma régional éolien (SRE), un document stratégique qui vise à définir des zones favorables à l'implantation d'éoliennes à l'échelle du territoire. Objectif : installer, d'ici à 2020, une puissance éolienne de 118 MW. Le chiffre seul n'a pas grand sens, et doit être comparé à ce qui existe actuellement : 27 MW. C'est bien cela : il s'agit, en 8 ans, de quadrupler la puissance éolienne!
BEAUCOUP DE ZONES D'EXCLUSION
Sur le papier, c'est faisable. Il suffit d'installer des éoliennes supplémentaires et de donner plus de puissance - ça s'appelle du repowering - aux engins déjà en place. Mais sur le terrain, ce n'est pas si simple. Certes, la Guadeloupe bénéficie d'une quantité d'emplacements régulièrement et bien ventilés. Mais nombre de ces emplacements ne peuvent légalement accueillir d'éoliennes, parce qu'il s'agit de zones protégées (espaces naturels remarquables, réserves...), ou de zones à haute valeur agronomique, ou de zones urbanisées. Parce qu'on ne peut normalement pas construire une éolienne à moins de 500 m d'une habitation. Et vu la façon dont notre territoire est « mité » par les constructions, beaucoup d'espaces deviennent ainsi inutilisables.
Bref, en louvoyant entre toutes ces interdictions, les auteurs du SRE ont réussi à établir un état des lieux et à proposer deux scénarios de développement. Le plus favorable permet d'obtenir au terme envisagé une puissance installée de plus de 110 MW. L'autre, nettement moins ambitieux, ne permet d'obtenir, à terme, que 40 MW. Les élus vont devoir faire un choix entre les deux. Mais le juge de paix, et aussi curieux que cela puisse paraître, ce sera Météo France (lire ci-contre). Et ce n'est pas une question de vent...
(1) Le Plan régional des énergies renouvelables et d'utilisation rationnelle de l'énergie (Prerure) est un document de planification, spécifique aux régions d'Outre-mer, qui définit les objectifs régionaux en matière d'énergies renouvelables et de maîtrise de la demande énergétique. Il est réalisé par la Région en concertation avec les acteurs du territoire concernés.
- LE CHIFFRE 27
Les parcs éoliens existant produisent, à l'heure actuelle, 27 MW. Le schéma estime qu'un simple « repowering » - via des machines de dernière génération, plus productives - peut faire passer cette puissance à 38 MW. Les riverains ont tout à gagner : l'implantation d'éoliennes de dernière génération permettrait de diminuer le nombre de machines en place et réduirait également sensiblement le bruit de fond.
- Notre consommation d'électricité augmente de 3% par an
Pour répondre à la croissance de la consommation, la production d'électricité augmente de 3% en moyenne par an. Une production essentiellement à partir des énergies fossiles (charbons et produits pétroliers).
- ÉCLAIRAGE
Une incertitude majeure : le radar météo
Le radar de Météo France est implanté au Moule. Et cette implantation peut constituer un frein majeur au développement de l'éolien. Parce qu'un arrêté en date d'août 2011 prévoit l'exclusion de toute éolienne dans un rayon de 30 km autour du radar. Si cet arrêté est appliqué à la lettre, l'ensemble de la Grande-Terre, ou peu s'en faut, se retrouve en zone d'exclusion éolienne. Et la puissance des fermes déjà en place ne peut être augmentée.
Les éoliennes sont en effet susceptibles d'interférer avec le fonctionnement des radars. Elles masquent l'espace situé derrière elles et renvoient une quantité importante d'énergie et d'échos qui peuvent gêner la propagation des ondes radio et hertziennes.
La balle est donc dans le camp de Météo France. Aucun projet dans un rayon de 30 km autour du radar ne pourra être développé, sauf avis favorable écrit de Météo France. À négocier, donc, au cas par cas, au plus haut niveau : la Région et la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement se sont emparées du dossier...
Aux communes de jouer
L'échelle du schéma régional éolien ne permet pas de définir des zones précises de projet, et notamment de prendre en considération les zones urbanisées. Ce sont donc les communes qui, à leur échelle, devront prévoir des emplacements fonciers favorables aux projets éoliens et les intégrer à leurs plans locaux d'urbanisme. Il s'agira d'un travail de réflexion tant en termes de recherche et détermination des espaces potentiellement favorables à l'éolien qu'en termes de définition du règlement associé.

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